Dire l’invisible, briser les silences.

Derrière les engagements, les résistances et les victoires, les femmes restent confrontées à des réalités douloureuses, parfois invisibles, souvent tues. Cette rubrique est là pour leur redonner un visage, une voix, une place dans le débat public. Car c’est aussi en nommant les blessures que nous construisons les luttes.
En Guadeloupe : des urgences criantes
Précarité au féminin
Plus de 30 % des femmes guadeloupéennes vivent sous le seuil de pauvreté. La majorité d’entre elles sont cheffes de famille monoparentale, souvent sans filet de sécurité. Cette précarité structurelle a un impact direct sur leur santé, leur autonomie et leur capacité à fuir les violences.


Violences sexuelles et conjugales
En 2023, on comptait plus de 600 plaintes pour violences sexuelles dans l’archipel, avec une tendance à la hausse. Mais combien de silences ? Combien de victimes sans mots, sans accompagnement, sans justice ? Les structures d’accueil, comme la Maison des Femmes de Guadeloupe inaugurée le 8 mars, sont un premier pas, mais il faut des moyens, des professionnels, de la volonté politique.
Santé mentale des femmes : un enjeu majeur et négligé
Épuisement, surcharge mentale, solitude… Les femmes paient le prix d’un système qui attend d’elles qu’elles tiennent, quoi qu’il en coûte. Or, les dispositifs de soutien psychologique restent peu accessibles. En Guadeloupe, l’accompagnement psychologique est encore trop souvent un luxe ou un tabou.
En France : des avancées législatives qui comptent
Congé menstruel : une reconnaissance symbolique, mais encore timide
En mars 2024, la France a adopté une loi autorisant les femmes atteintes de règles invalidantes (endométriose, troubles gynécologiques graves) à bénéficier d’un congé sans sanction. Une avancée symbolique mais limitée, mise en œuvre conditionnée à un diagnostic médical précis et à l’appréciation de l’employeur.
Santé mentale et féminité : des liens enfin établis
Le Haut Conseil à l’Égalité a récemment publié un rapport reconnaissant les inégalités de santé mentale entre hommes et femmes, et recommandant des approches spécifiques pour les femmes victimes de violences, de précarité ou de charges mentales accrues. Cela ouvre la voie à des politiques publiques plus adaptées.
Endométriose, cancer du sein : vers une meilleure prise en charge
L’endométriose a enfin été reconnue comme maladie de longue durée dans le cadre du Plan National lancé en 2022. Quant au cancer du sein, première cause de mortalité féminine par cancer, la mobilisation autour d’Octobre Rose a permis de renforcer la prévention, bien que l’accès au dépistage reste inégalitaire dans les territoires d’Outre-mer.
Témoignage
« Je vis avec l’endométriose depuis mes 17 ans. Chaque mois, c’est l’hémorragie, la douleur, l’incapacité de travailler… Et pourtant, on me disait : “C’est dans ta tête.” Aujourd’hui, on commence enfin à écouter. »
– Léna, 33 ans, Pointe-à-Pitre
Le Club Femmes d’Outre-Mer poursuivra sa mission : écouter, relayer, soutenir.